Rencontre avec Edouard Chastenet, alias 120x160, graphiste et créateur d'affiches de films

Rencontre avec Edouard Chastenet, alias 120x160, graphiste et créateur d'affiches de films

Oward, le réseau des cinéastes et sociétés, vous propose régulièrement des interviews de professionnel.le.s de la filière cinématographique. Aujourd'hui, on rencontre Edouard Chastenet, graphiste et créateur d'affiches de films.

Peux-tu te présenter ?

Je suis Edouard Chastenet, je suis graphiste. J’ai créé ma boite, qui s’appelle 120 x 160, le format le plus commun d’une affiche de film. J’ai fait Penningham, et j’ai commencé à travailler dans le cinéma il y a maintenant une dizaine d’années.

Comment as-tu intégré le milieu du cinéma ?

Au début, j’ai créé des fausses affiches de film en prenant en photo des potes, en les costumant, en les maquillant, en faisant tout ce qu’il fallait. On se disait “tiens, on va faire une affiche sur Bonnie and Clyde”.

J’en ai fait plusieurs, et ça a commencé à intéresser. Après, on m’a confié des courts métrages. Des réalisateurs qui étaient sur KissKissBankBank ou sur Ulule m’ont aussi contacté avec des petits budgets, en me disant “bah tiens, ça te dit de faire une affiche ?”. Et voilà, je suis rentré en faisant des courts métrages, puis des moyens métrages, et maintenant je suis au long. Voilà comment je suis entré dans le milieu du cinéma.

Quels étaient tes débuts dans le métier ?

J’ai toujours eu envie de faire ça. J’avais un prof à Penningham, qui était le directeur général de l’agence Risk, pour moi les meilleurs à Paris. Après, j’ai travaillé chez un des concurrents de Risk, the Alamo, qui est une super agence à Montmartre. J’ai travaillé chez eux avec pas mal d’affiches de film. Eux, c’est des gros budgets. J’ai travaillé pour Sony, Universal, que des avants premières pour Jumanji par exemple. Là, on m’a confié des choses énormes pour le métro à faire, comme toute la station de métro Concorde à habiller, le Grand Rex aussi, des machins comme ça.

Et maintenant tu es indépendant ?

Oui, tout à fait. Alors, je ne fais plus les gros films, les Sony et autres, car ils travaillent qu’avec de grosses agences. Mine de rien, il y a plusieurs graphistes derrière ce type de productions. Aujourd'hui, je travaille avec des plus petits distributeurs, mais du coup j’ai plus de libertés. On peut communiquer plus facilement. Par exemple, j’ai directement les réals, ou les prod et les distrib au téléphone. C'est plus agréable. Actuellement, je suis sur un film qui s’appelle Pilote, co-produit par FullTime et distribué par OCS. J’ai déjà fait l’affiche internationale, et à présent je travaille sur l’affiche française. Je fais aussi bien de l’affiche internationale que de l’affiche pour la France.

Comment fait-on pour travailler avec toi ?

Ça marche énormément au bouche à oreille. Mais après, il y a aussi le démarchage. C’est très simple, ça dépend de si tu es réalisateur, producteur ou distributeur. Par exemple un réalisateur ; tu as fait un film, tu vois avec ton producteur pour la production de l'affiche. Si ton film est tourné, tu me fournis des photos, en m'indiquant ce que tu recherches comme ambiance, des références, les textes que tu veux évidemment, les logos, etc. Si c’est possible, moi j’aime bien voir une version du film, même pas étalonnée. Après, je fais plusieurs propositions et on affine jusqu’à avoir un produit fini. Et ça marche aussi bien avec les prods qu’avec les distributeurs. Bien sûr, il y a un devis avant, mais c’est le même raisonnement. Après, je fournis tous les fichiers qu’il faut, toutes les déclinaisons possibles et imaginables qu’il faut, pour les différents plans de com, que ce soit réseaux sociaux, digital ou print.

Pour concevoir une affiche, c’est bien que le film soit tourné en amont ?

Oui, mais pas obligatoirement. Pour Pilote, le film n’était même pas tourné quand on m'a confié le travail sur l'affiche. Ils étaient encore en recherche de financements et ils m’ont vraiment filé le brief : à quoi ça va ressembler, qu’est-ce que le projet, est-ce que c’est une comédie, un thriller ou autre. Là, on était plutôt sur un film de guerre. Ça se passe dans un huis clos, tout se fait au téléphone, c’est un pilote de drone, tu vois. Et là, vraiment, c’est de la banque d’image.

Privilégies-tu un style visuel particulier dans ton travail ?

Non. Aucun style visuel, je m’adapte vraiment au brief. Je n’ai pas de préférences concernant les outils qu'on peut utiliser, que ça soit de la 3D, du dessin, ou autre.

Est-ce qu’il y a un projet pour lequel tu n’as pas envie d’être appelé ?

Non, aucun. Des fois, tu tombes sur des réals qui ont des drôles d’univers, mais pourquoi pas. J’ai travaillé avec le réalisateur Quarxx pour Tous les dieux du ciel, Un ciel bleu presque parfait. Il a un certain univers. Je ne suis pas forcément le client à me ruer en salle pour aller voir ce genre de style, mais je sais m’adapter à son univers, et c’est un univers qui a tout un auditoire et il faut aussi savoir s’adapter à ça. Mon métier à moi, consiste vraiment à retranscrire les choses.

Quels sont tes meilleurs conseils pour exercer ce métier ?

Il faut être éponge, et ne pas avoir peur de regarder ce qui se fait, parce que c’est important. Personne ne crée comme ça, à partir de rien. On regarde ce qui nous entoure, ce qui a été fait, comment évolue l’affiche de nos jours, quels sont les modes, etc. Tu vois, actuellement, il y a quand même une mode où on refait un peu le style OSS 117, style les vieilles affiches de film dessinées. On s’adapte constamment aux évolutions des modes et des styles de typos. Et c’est aussi bien de regarder ce qui se faisait il y a quelques années, de piocher un peu partout, regarder les références, s’inspirer. Il ne faut pas être fermé à regarder autour de soi.

Est-ce qu’il y a un film dont tu as fait l’affiche que tu recommandes ?

Méandres de Mathieu Turi. Pilote, pour l’avoir vu, ça va être un super film. Après, Plus jamais possible, c’est un moyen métrage de Quarxx qui est vraiment sympa. Ah ! Une part d’Ombre, super film ! Petit film français, pas un gros budget, mais vraiment super film, distribué par Destiny Film. Dossier 64 aussi, c’est de super thrillers.


Pour travailler avec Edouard Chastenet sur une affiche de film ou tout élément de promotion visuelle, c’est simple : contactez-le !

Pour découvrir son travail : http://120x160.fr/